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Du 08 juillet au 29 juillet 2012

Daniel Debliquy

Bureau des forges // Montauban

Exposition

Avec ces habitacles de verre épurés qui protègent de minuscules personnages mis en scène dans des situations risibles, cocasses, absurdes ou dramatiques, c’est à la mise en boîte de la nature (humaine, pour le coup) qu’on assistait littéralement et de tout près, en voyeurs impénitents.

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Daniel Debliquy sait mettre notre oeil à l’épreuve, car ces miniatures épurées de tout élément susceptible de distraire notre regard de l’essence de ce qu’elles représentent nous forcent à nous y accrocher, à décupler l’attention portée à l’action silencieuse, immobile, réduite à son plus simple appareil : c’est la seule issue que nous donne l’artiste pour échapper au vertige que le vide qui l’entoure ne manque pas de provoquer en nous. Le contraste est saisissant entre la réduction des moyens auxquels s’astreint l’artiste – de l’échelle de représentation à la rigueur d’épure de ces boîtes transparentes qui font du vide un élément tangible, presque suffocant – et l’amplification de l’ignoré qui en est le résultat sensible qui s’imprime derrière nos paupières : voilà que les sentiments mélangés qu’elles remuent en nous remontent comme des saumons le cours intranquille de notre conscience aveugle à la risibilité de la condition humaine. Il y a du surréalisme dans cette oeuvre qui traque le sourd réalisme où puise l’amertume de nos vies absurdes, ces pauvres chéries. In fine, les cloches de l’histoire, c’est nous – mais dépêchons-nous d’en rire avant d’être obligés d’en pleurer : telle est l’invitation lancée par les clins d’oeil narquois de Daniel Debliquy. Baudelaire avait raison, quand bien même il se trompait de cible, quand il écrivait : « l’œil belge a l’insolence du microscope ». Même douce-amère, la poésie nous éclaire de la lumière tamisée qu’elle répand sur les choses de l’esprit qui, autant que la nature humaine qui leur sert de terreau, aiment feindre l’horreur du vide.
François de Coninck